Raid de 1ère Classe

Lever à 6 heures. Nous arrivons au Barroux pile à temps pour les messes lues qu'un moine me propose de servir. Aussitôt dit, aussitôt fait. À la fin de cette messe chuchotée je cale mon sac sur mon dos, ouvre la carte et commence à suivre me chemin. 500 m plus loin, le constat est dur : je me suis paumé. Déjà ! ça promet … Je rejoins rapidement le GR et le suis ainsi jusqu'à Beaumes de Venises, traversant des versants de montagne couverts de champs de vignes.
Lorsque j'arrive enfin à Beaumes je rencontre mes premiers humains depuis le début de ma marche ; des ouvriers agricoles dans les vignes. La scène est idyllique digne d'une parabole de l'Evangile. Je contemple un moment, ravi, la France viticole quand je me rends compte qu'ils parlent italiens ! Richesses des échanges européens. J'aime la Provence. Je passe de magnifiques roches orange, sublimes merveilles géologiques ou les siècles ont creusés des
grottes et les jeunes du coin leurs noms. Super. Je rencontre un couple de bon français. Très naturellement je leur dis bonjour et reçoit en retour un regard meurtrier de l'épouse. J'aime vraiment beaucoup la Provence. J'arrive à N-D d'Aubune ou je croise un autre marcheur que je dois convaincre que je ne suis ni un fou ni un candidat au suicide. Bon. Je marche maintenant dans des vallons boisés de conifères ou de temps à autres apparaissent dans les
tournants des petits champs de vignes. Je rencontre un groupe de jeunes retraités en vacances qui me répondent (eux !) par un « Bonjouww » puis s'éloigne en parlant un patois certainement pas catholique…
Vers midi j'arrive à Gigondas, petit village niché à creux de collines. Je savoure mon premier déjeuner et repars de suite pour ma dernière étape : Séguret. J'y arrive en fin d'après-midi en ayant tourné, tourné et tourné. Je continue pour m'écarter du village. J'installe mon bivouac pour la nuit. Après m'être bien assurée que personne ne pouvait me voir je commence un feu dont je tire au bout d'une heure des braises passables. Je cale mes patates et en attendant malaxe la pâte du pain. Malheureusement j'y mets trop d'eau et la rate lamentablement. J'essaie bien de faire cuire un bout au bout (ha ha) d'un bâton en forme de fourche mais là encore c'est Sadowa, Sedan, Stalingrad, le désastre quoi ! Je me contente donc de mon petit diner trappeur, lui bien cuit, et me roule confortablement dans mon duvet tandis que le soleil illumine de ces derniers éclats les nuages qui (ô rage, ô désespoir, ô météo ennemie) s'amassent au-dessus de moi.

Je me réveille le lendemain à 7 heures. Quelques gouttes tombent mais tout s'arrête lorsque je sors de mon abri (divine Providence, Vous me surprendrez toujours). Je repars rapidement et traverse en plein milieu les Dentelles de Montmirail. Les paysages sont époustouflants, le dénivelé… aussi. Je traverse les ruines du monastère de Prébayon,
cachant leur désespoir sous un manteau de lierre, pour atterrir dans le domaine de la Verrière appartenant sans aucun doute à un multimilliardaire étranger. Ambivalence du Vaucluse ou les ferraris des riches belges, néerlandais et Cie se baladent au milieu de magnifiques vestiges romans ou gothiques. J'escalade le pas du Loup, sorte de mont cresté d'un véritable mur de pierre ! une ouverture apparait. Je la franchis et, ô merveille du Créateur, j'ai à mes pieds tout le Vaucluse (bon peut-être pas tout, allez 1/3, non ¼, bon plutôt 1/5, bref vous m'avez compris…) Je me pose le temps d'un croquis panoramique, paysage oblige. Je récite mon chapelet pendant les derniers kilomètres avant le Barroux ou je quitte le GR pour partir en azimut sur l'abbaye. Je déjeune là-bas puis voyant le temps décide de me rediriger vers la demeure familiale, une dizaine de kilomètres plus loin…

Colomban V. , 2nd du Puma
Raid 1 ère classe
Avril 2024