Pèlerinage au Puy - MMXXIV

Le 15 juillet 1099, l'armée croisée dirigée par Godeffroy de Bouillon pénétrait enfin dans Jérusalem. Triomphe libérateur, terme de la croisade, destination de ces pèlerins en armes.

925 ans plus tard, le 15 juillet 2024, mettant leurs pas dans ceux de leurs pères croisés, les 48 scouts de la Glorieuse 1ère Toulon, campant en Lozère, se rendirent en pèlerinage au Puy-en-Velay. Vers cette cathédrale où Urbain II avait proclamé la croisade, et où saint Louis offrit à son retour de la 7e croisade la Vierge Noire qu'on y vénère.

Descendants des croisés, les Toulonnais se voulaient aussi héritiers des routiers scouts de France, qui, à l'appel du père Doncoeur, vinrent de la France entière prier pour le relèvement de la Patrie auprès de la Vierge Noire le 15 août 1942.

Partis de bon matin de leur campement, et après avoir exploré la région, et vu depuis les monts qui l'entourent la cité du Puy se découvrir à eux, les éclaireurs des six patrouilles pénétrèrent dans la ville sainte, troisième pèlerinage de la Chrétienté.

Ils n'y entrèrent point en triomphe, mais en pèlerins. Portant une triple intention qui répondait à l'appel adressé par le père Doncoeur : pénitence, réparation et Espérance. Confiant ainsi leur Patrie et leur Troupe à Notre-Dame, devant laquelle tant de rois, de chrétiens et de saints ont plié le genou. Au chant de l'E Ultreia, la Troupe s'avança par les ruelles de la ville jusques aux grandes marches qui préparent l'entrée dans la cathédrale. Puis, suivant l'exemple de ces illustres routiers qui mirent leurs espoirs dans la sainte Vierge, tous les scouts se déchaussèrent, passant leurs rangeos autour du cou. Et entonnant le Kyrie des Gueux ils gravirent nu-pieds les 134 marches du grand escalier. Il fallait être là pour imaginer la ferveur de ces gars qui tremblaient d'émotion. Sans cesser de chanter, ils pénétrèrent dans l'illustre cathédrale qu'ils emplirent de leurs voix. La résonance des voûtes séculaires était telle qu'on ne pouvait pas ne pas être saisi par la clameur virile de ces jeunes chrétiens. Sans faire halte jusque-là, ils se dirigèrent droit aux pieds de la Vierge Noire et tombèrent à genoux devant elle. Alors, on entendit de leurs voix essoufflées, comme jaillissant de leurs entrailles, s'entonner un grand Salve Regina. On sait bien que c'est dans cette cathédrale qu'on entendit pour la première fois cette antienne être déclamée à Notre Dame. Jamais une telle ferveur n'avait saisi cette Troupe, suante de l'effort accompli, mais non moins amoureusement prosternée devant sa Reine.

Ô Notre-Dame, n'ignorez pas, ne délaissez pas ces garçons, qui sont vos fils, et qui en ce jour se livrèrent à Vous. Permettez-leur de pénétrer un jour en Paradis avec la même ferveur et la même humilité qui les fit se hisser jusques à votre vénérable image. Et daignez recevoir l'offrande qu'ils Vous font de leur Troupe, de leur jeunesse, et de leurs âmes. Ô Notre-Dame, voici vos fils scouts, ils sont à vous et vous offrent leurs armes. Ne refusez pas vos nouveaux croisés.

Suite à cette entrée dont la cathédrale gardera autant mémoire que la Troupe, les scouts purent visiter le Puy : sa cathédrale, sa statue de Notre-Dame de France, sa chapelle à saint Michel...

Le lendemain au petit matin, en la fête de Notre-Dame du Mont Carmel, après une veille d'arme et une nuit d'adoration du Saint Sacrement, les 13 aspirants de la glorieuse Troupe se présentèrent dans le grand escalier pour prononcer leurs promesses.

La Messe ayant été dite par leur aumônier, les scouts reprirent, chantant et riant, le chemin de leur campement ; avant d'un jour parvenir à celui de l'éternité avec le même élan.


Faucon E. , CT